mardi 14 novembre 2017

A Beautiful Day

You Were Never Really Here
Deux somnambules..

Cannes : Prix d’interprétation masculine et du scénario. 
Réalisateur : Lynne Ramsay réalisatrice britannique née en 1969. Ecole de cinéma en Ecosse. Débute par des courts métrages. Puis premier film en 1999 Ratcatcher. Plus 
Pays : France UK Année : 2017
Acteurs : Joaquin Phoenix (Joe) ; Alessandro Nivola (sénateur Williams)
Dir. Photo : Thomas Townend Musique Jonny Greenwood
Résumé : d'après le roman You Were Never Really Here de Jonathan Ames  Un film de fous ! Un vétéran de guerre (Irak ?) est chez lui et vit avec sa maman qu’il chouchoute quoi qu’elle fasse. Visiblement il vit de missions ou plutôt de contrats. Qui lui donne les ordres ? c’est hypothétique le FBI, les politiques… Ses actions sont gérées à partir d’un réseau, boites noires en séries. Le personnage de Joe est l’intérêt principal du film, vu qu’il n’y a pas vraiment de scénario. Il apparait lourd, figé, à la limite du somnambule sans état d’âme. Il est constamment en proie à des hallucinations ou souvenirs d’enfance qui se rappellent à son souvenir dans les moments les plus rudes. C’est pire que des souvenirs, ou des remontées d’inconscient, ce sont des obnubilations (je ne suis pas dans le métier). Cet homme n’a aucun avenir devant lui, pas de projet, pas de sentiments sauf pour sa mère, il est vide et surtout vidé. C’est impressionnant. En tout cas très bien joué (meilleur acteur pas volé !) Le film et l’histoire se déroulent par parties rapides qui donnent un rythme. La caméra capte de belles images dont certaines pour rendre la scène plus réelle, d’autres celles des gares et des trains avec un défilement effrayant montrent la violence de ce monde urbain, la présence symbolique de l’eau est omniprésente. La musique, (ou le bruit ?) est aussi un élément important dans cette ambiance et en cours de film, pour prévenir ou accompagner l’action. La fin est originale !
« Revisitant à sa façon les codes du vigilante movie et du tueur à gages impitoyable, Ramsay s’en sert puis s’en détourne pour composer l’errance, physique et psychologique, d’un homme qui semble ne plus avoir sa place nulle part. Errance dans un New York aux airs de bête endormie, de l’enfance à l’âge adulte, d’hier à aujourd’hui, de la vie à la mort (et inversement). » Michael Pigé  
« Cette recherche de l’émotion, ce test d’humanité se développe étrangement car il ne se construit pas dans la relation entre cette gamine et de ce tueur sans pitié mais plutôt par son absence, moteur indicible qui guide le personnage Phoenix de manière quasi-aveugle. On ne saurait trop dire s’il agit en tant que citoyen réactionnaire en quête de justice ou simplement comme un être déshumanisé cherchant simplement à remplir son contrat. C’est cette ambiguïté là que creuse Ramsay… » A lire Loris Dru
Filmographie : Ratcatcher; We Need to Talk about Kevin ; A Beautiful Day 
Avis :Très  Bon film, malgré les violences du métier de tueur…
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie




mercredi 8 novembre 2017

Corps et âme

Testről és lélekről
Un couple sans paroles ou presque.

Ours d’Or à Berlin 
Réalisateur : Ildikó Enyedi Réalisatrice et scénariste hongroise née en 1955. son premier long métrage, Mon XXe siècle, remporte la caméra d’or à Cannes en 1989.
Pays : Hongrie Année : 2017
Acteurs : Géza Morcsányi (Endre, directeur financier) ; Alexandra Borbély (Mária Rácz, contrôleuse de qualité) ; Zoltán Schneider (Jenő, directeur des ressources humaines)
Dir. Photo : Máté Herbai
Résumé : Esthétique par ses images superbes de forêt, de biche et de cerf ; j’ai beaucoup aimé le vent dans les grands arbres. Les images de bovins, et de l’abattoir sont également belles… cependant, j’ai souvent mis ma main devant mes yeux devant ce spectacle de boucherie. Le film ne porte pas sur l’abattage de bovins pour notre nourriture, mais sur les relations amoureuses et sexuelles. Le décor de l’abattoir induit une pulsion de vie forte, les employés vont et viennent dans cette ambiance dérangeante mais n’en parlent pas. Deux personnages dont les personnalités sont en retrait (de la vie) vont occuper notre attention. Endre un directeur handicapé d’un bras et Maria une contrôleuse de qualité anormalement rigide. Là où le film est génial, c’est dans l’introduction de l’histoire des rêves concomitants que font ces deux personnes. Ils sont attirés l’un par l’autre, contre toute attente, et leurs difficultés à converser vont occuper les psychologues. Pour mieux opposer leurs attitudes « cassées » un grand dragueur entre dans l’usine déjà aux prises avec une histoire de partouse.
Les difficultés de Maria remontent à l’enfance, elle est toujours suivie par son pédopsychiatre qui est débordé par le passage à l’âge adulte de sa patiente. Pour s’en sortir, elle recourt à sa façon de regarder la réalité à travers des figurines. Cette technique met en jeu son intuition et lui permet de trouver des réponses. Tout n’est pas explicite, les images, les gros plans, les symboles montrent la révolution qu’induit la relation amoureuse chez la jeune fille. C’est sans doute le plus qu’apporte la réalisatrice sur la condition féminine, en montrant que la perception intellectuelle instinctive précède généralement le désir physique. Et dans notre contexte actuel de violences sexuelles dénoncées, le respect de la fragilité de Maria par Endre est un bonheur.
Filmographie : Mon XXe siècle ; 
Avis : Histoire d’amour délicate dans un abattoir, film très esthétique. Vaut bien le détour !
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


mercredi 1 novembre 2017

Detroit

la police peu nombreuse fait du n'importe quoi.
Réalisateur : Kathryn Bigelow réalisatrice scénariste productrice américaine, née en 1951. Est consacrée aux Oscar pour les Démineurs : meilleur film et du meilleur réalisateur. Son cinéma fait la part belle aux hommes, la violence, les menaces sur l’humanité. Lire plus
Pays : US Année : 2017
Acteurs : John Boyega (Melvin Dismukes, agent de sécurité noir) ; Jack Reynor (un des policiers, le plus fragile) ; Will Poulter ( le policier qui tue sans se poser de questions) ; Hannah Murray ( Julie, la jeune fille brune) ; Kaitlyn Dever ( la deuxième jeune fille, la coiffeuse) ;
Dir. Photo : Barry Ackroyd
Résumé : Le film raconte les émeutes de Detroit en 1967 qui débutèrent après un raid de la police dans un bar privé (vente d’alcool en dehors des heures légales, jeux etc.) La police s’est trouvée débordée par le nombre de participants ce soir-là. Des maladresses, en arrêtant les invités dont des GI revenant du VietNam, mettent le feu aux poudres. Par l'ampleur des destructions et des pertes en vies humaines, c'est l'une des pires émeutes de l'histoire des États-Unis. Lire sur Wikipedia. Pour aller plus loin, le dossier de presse et dossier pédagogique est téléchargeable (en français) sur le net :  Vous trouverez dans le dossier de Presse ( à lire absolument) les commentaires de trois témoins de l’affaire de l’Algiers… Le film commence par une projection de tableaux en style animation. La réalisatrice déclare « Comme j’admire l’œuvre du grand peintre noir Jacob Lawrence, sa série de panneaux sur la migration des Noirs Américains me semblait idéale pour évoquer les décennies de ségrégation raciale qui ont abouti aux émeutes des années 60 »
Le film n’a rien d’un documentaire… cependant le scénariste est un journaliste qui s’est beaucoup documenté… et les témoins retrouvés ont participé comme conseillers sur le tournage. Le film ne manque pas d’intérêt, par contre il est rude, dans la violence continuelle. Trois fils narratifs sont choisi le jeune qui rêve de faire son premier album (un des survivants), sa soirée publique ratée est suivie jusqu’au drame. L’homme de la sécurité Melvin Dismukes qui essaye de limiter les dégâts, est aussi passé à travers un sort tragique. A côté de ces deux noirs, le personnage du policier joué par Will Poulter du côté blanc, montre l’absurdité de la police. D’après Kathryn Bigelow, «si le but de l’art est de bousculer les consciences pour faire bouger les lignes – si nous sommes vraiment prêts à nous attaquer aux injustices liées aux questions raciales dans notre pays –, il faut qu’on soit prêts à écouter d’autres points de vue que les nôtres». «J’espère que ce film contribuera, même modestement, à ce débat et qu’on trouvera le moyen de panser les plaies qui existent depuis bien trop longtemps dans ce pays».
Filmographie : Aux frontières de l'aube ; Point Break ; Strange Days ; Démineurs ; Zero Dark Thirty
Avis : Le sujet du racisme, aux US ou ailleurs, n’est pas encore un travers oublié, même si il y a des progrès. Film à voir.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie