mardi 29 août 2017

Patti Cakes

La base du groupe en composition...
Réalisateur : Geremy Jasper, réalisateur américain, serveur de bar, musicien (naissance dans le New Jersey), réalisateur de clips et enfin un long métrage….Patti Cakes.
Pays : US Année :2017
Acteurs : Bridget Everett (Barbara, la maman), Cathy Moriarty (Nana, la grand-mère), Danielle Macdonald (Patti), Mamoudou Athie (le rappeur gothique), Siddharth Dhananjay (L’ami indien)
Dir. Photo : Federico Cesca
Résumé : Une jeune fille obèse rêve de devenir une chanteuse de rapp reconnue. A ses heures perdues où dans les temps morts de son service (barmaid) elle compose des rimes pour des chansons, elle slamme également avec une certaine virtuosité, mais dans un langage cru ; un régal si vous voulez apprendre des mots, in english, qui ne s’apprennent pas au collège. Sa vie est misérable, elle est moquée par ses anciens camarades de classes et ses rivaux, sa mère boit, sa grand-mère est malade. Le scénariste soutient ce rêve en y mêlant les aspects sociaux des milieux défavorisés d'une ville moyenne du New Jersey, le problème du coût des soins de santé etc.
Le film est assez bien organisé entre moments musicaux, petites aventures quotidiennes et rêve psychédélique… on ne s’ennuie pas, même si le rapp n’est pas forcément une musique familière à nos oreilles.
On retrouve des thèmes riches de la nouvelle vague « sundance » comme la proximité à la mort, les imperfections corporelles, l’unité familiale, les drogues…voir Little Miss sunshine.
Nicolas Bardot Patti Cake$ s'inscrit dans une certaine mouvance à risques du cinéma indépendant américain : celle de ces récits portés par des héros hors normes, anti-conventionnels, mais qui finissent souvent lissés et concassés par une forme très classique-standard (la mouvance post-Little Miss Sunshine).
« Pourquoi ce sujet-là, à ce moment précis ? Pour plein de raisons. Je voulais raconter mon amour pour les filles fortes de l’Etat du New Jersey, au milieu desquelles j’ai grandi. » Télérama festival de Cannes
Avis : Un bon moment musical et drôle. Comédie très fraiche.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


lundi 28 août 2017

Les proies "The Beguiled"

Un paysage fantastique
Réalisateur : Sofia Coppola, née en 1971, fille de Francis Ford Coppola. Photographe réalisatrice, actrice, scénariste, productrice américaine. Elle se fait connaitre grâce à son film "Virgin suicides". Consacrée par "Lost in translation" avec un Oscar pour le scénario. Un lion d’or pour "Somewhere" en 2010 ; "Bling Ring" fait l'ouverture d’Un certain regard à Cannes 2013. Wiki
Pays : US Année : 2017
Acteurs : Colin Farrell (le soldat) ; Nicole Kidman (Martha la directrice) ; Kirsten Dunst (Edwina le professeur) ; Elle Fanning (Alicia) Dir. Photo : Philippe Le Sourd
Résumé : D’après le roman The Beguiled de Thomas Cullinan. Déjà mis en scène au cinéma par Don Siegel avec pour interprète Clint Eastwood, cela en fait un remake. Personnellement je n’ai pas vu le premier donc je m’abstiendrai de toute comparaison. Sofia Coppola en fait une histoire de femmes, quoi d’étonnant à cela. L’ambiance romantique ou fantastique est très vite introduite par les plans sur le parc plein de brume et la jeune Emmy qui s’y promène, on s’attendrait à voir le loup lui faire des propositions…Ensuite les nombreux plans avec la façade à colonnes blanche à souhaits nous place non loin du conte de fées, et ce sera un genre de conte pour l’éducation des jeunes filles ? La photographie de Philippe Le Sourd rend tout cela présent, voire obsessionnel. Les filles et les femmes en robes de couleurs très claires évoquent la pureté et l’innocence chez les plus jeunes. Dans ce cadre immaculé, hors du temps, un soldat blessé s’égare… il cherche à garder la tête hors de l’eau en ménageant chacune; mais encore un qui se croit plus fort….
Les réactions du groupe de femmes sont intéressantes et assez homogènes, même avec des caractères si différents. Chacune est intriguée par cet homme au milieu d’elles, certaines sentent s’éveiller leur féminité, ont des désirs sentimentaux, sont curieuses, aiment discuter différemment.
Les deux acteurs principaux, Nicole Kindman et Colin Farell, sont sobres mais campent des personnages attachants aux caractères bien typés. Les jeunes filles sont aussi personnelles, même les plus introverties. Le tout est très crédible (pas l’histoire !).
« Au-delà d’un scénario quasi identique, deux grandes différences rendent les films complémentaires, presque symétriques. D’abord, Don Siegel s’identifie constamment à l’homme qui regarde les femmes, tandis que Sofia Coppola endosse le point de vue des femmes sur l’homme. Ensuite, le rayonnement d’Eastwood, la supériorité solaire qui émane de lui en font un manipulateur absolu, tandis que Colin Farrell, le soldat de la nouvelle mouture, moins ­magnétique, plus émouvant, semble taraudé par le doute et dégage une ­vulnérabilité de simple mortel. » telerama
« un point de vue féminin sur une histoire d’homme épinglé dans une ruche d’abeilles désirantes et tueuses. Intrigant et subtil. Les inrocks 
Un débat sur l’absence de personnage « de race noire » a occupé certains aux US… sans grand intérêt.  
Filmographie : Virgin Suicides · Lost in Translation · Marie-Antoinette · Somewhere · The Bling Ring · A Very Murray Christmas · Les Proies
Avis : un film mi romantique mi fantastique, où la nature féminine des héroïnes est en exergue dans un décor de nature sauvage et une maison blanche qui fait rêver.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie




vendredi 18 août 2017

Le crabe-tambour

Jean Rochefort et Claude Rich
Réalisateur : Pierre Schoendoerffer, français, 1928-2012 ; photographe, réalisateur, écrivain. Intègre le Service cinématographique des armées et part en Indochine. Tourne La passe du diable pour Kessel, puis tourne des adaptations de Pierre Loti. Plus
Pays : France Année :1977
Acteurs : Jean Rochefort (le capitaine) ; Jacques Perrin (le crabe-tambour) ; Claude Rich (Pierre, le médecin) ; Jacques Dufilho (le chef machines)
Dir. Photo :  Raoul Coutard
Résumé : D’après son propre roman Schoedenoerffer, met en scène des militaires qui se racontent les aventures d’un officier particulier dit « le crabe-tambour ». En faisant ce récit le réalisateur évoque sa guerre d’Indochine, des souvenirs de personnalités de l’armée et le drame du putsch d’Alger. On parle sans arrêt du crabe-tambour, fiction construite à partir d’un personnage réel qui inspira Schoendoerffer. Des militaires un peu blasés, à l’aube de leur retraite racontent le curieux mais attachant lieutenant « crabe-tambour ». Petit à petit dans le carré des officiers, à la faveur des moments perdus, on apprend que tous ne sont pas sur ce bateau par hasard dans cette mission vers le grand Nord. En particulier le capitaine effectue sa dernière mission, alors qu’il est atteint d’un cancer ; le pourquoi de ces évocations des guerres passées nous raconteront les motivations des uns et des autres. L’argument est un peu faible, mais le film sur la parole donnée et l’honneur dans le milieu militaire est intéressant. Les images en mer du Grand Nord sont hallucinantes… « à cette occasion de superbes images du Jauréguiberry "le nez dans la plume" seront filmées depuis un Super Frelon en mer d'Iroise. » netmarine
Filmographie : La 317e Section ; La Section Anderson ; Le Crabe-tambour ; Diên Biên Phu ; Là-haut, un roi au-dessus des nuages
Avis : Un film sur les amitiés militaires et non un film de guerre, soutenu par les prestations de grands acteurs.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie






lundi 14 août 2017

Djam

Daphnée Patakia
Réalisateur : Tony Gatlif né en 1948 à Alger est un réalisateur, acteur, scénariste, et musicien compositeur. Même (surtout) quand il fait du cinéma Gatlif est un musicien et ses bandes sons sont soignées. Il a d’ailleurs reçu 2 Césars de la meilleure musique écrite pour un film : pour Gadjo Dilo et pour Vengo. Pour ses sujets de prédilection : les Roms, les exclus, la liberté individuelle.
Pays : France Grèce Turquie Année : 2017
Acteurs : Daphné Patakia (Djam) ; Maryne Cayon (Avril) ; Simon Abkarian (l’oncle Kakourgos)
Dir. Photo : Patrick Ghiringhelli
Résumé : Une comédie musicale, à la gloire des exilés et particulièrement des turcs, des grecs, des arméniens et les modernes syriens ou africains fuyant leurs pays. C’est en fait le sujet qui est évoqué tout au long du voyage de Djam et de sa complice française Avril. On parle, on chante on voyage perpétuellement vers un ailleurs prometteur, mais celui-ci est aussi source d’illusions et de douleurs. En fait le côté comédie n’est que la dérision qui est ressentie par les migrants pour leurs espoirs d’hier. La culture du pays d’origine manque à tout expatrié… quelle que soit sa réussite aux yeux de la société. Le personnage de l’oncle Kakourgos est un héritage du siècle dernier, par son amour pour son pays et les siens, mais à la manière paysanne et bourrue. Il marque par-là, que la musique qu’il aime est un quasi fossile (le Rébetiko). Gatlif en fait le fil rouge de son film après en avoir recherché des vestiges, des traces, des enregistrements. Le Rébétiko est d’après Gatlif un « genre musical grec, né dans les années 1920, qui était pratiqué dans les fumeries de haschisch, les tavernes, les bas-fonds ». Gatlif remet à jour, arrange cette musique, réunit des musiciens pour son film, c’est passionnant.
Pendant le voyage de Djam à Istanbul, on croise différentes misères, des métiers disparus dont le forgeron, on se retrouve en Grèce alors en plein marasme économique à faire un feu de camp au milieu des rails de chemin de fer, et pour finir à la saisie des biens personnels par huissiers.
La musique est présente dès l’introduction (Gatlif aime bien les introductions musicales) avec la jeune chanteuse Daphné Patakia accompagnée de son instrument à cordes particulier. Elle est autant actrice que musicienne, elle fait un show dansé dès que la situation est difficile. Son personnage est dévergondé, malicieux, un peu foutraque mais au grand cœur.
J’ai bien aimé la course poursuite dans les draps sur les cordes à linge, très esthétique ainsi que la scène avec l’instrument à cordes dont Djam s’accompagne…. je ne trouve pas son nom. On se régale de certains plans montrant la nature avec l’art de la prise de vue dont fait preuve Ghiringhelli. Enfin, je conseille les deux articles suivants sur ce film.
« le cinéma de Tony Gatlif, lui, va plus loin que la vie, plus loin que le monde en ses schémas réducteurs, destructeurs, moralisateurs, pour nous offrir un conte musical sur l’exil et le chagrin, les chaos de l’histoire, les désillusions d’hier et d’aujourd’hui. » Esther Eboyan
Interview Gatlif
Filmographie : Gadjo Dilo ; Vengo ; Exils ; Transylvania ; Liberté ;  
Avis : Un film pour amateur de musique populaire, pour amoureux de l’humanité et de la liberté.
Note : 9/10  Rédigé par Jacquie








samedi 12 août 2017

Lola Pater

 
Chez le notaire, un fils et une mère? pour la disparition du père?
Réalisateur : Nadir Moknèche réalisateur franco-algérien né en 1965. Passe son enfance en Algérie, puis retourne en France pour des études et s’oriente vers le cinéma. Il suit un cours de réalisation à New York.
On ne trouve pas beaucoup d’information sur ce réalisateur, pourtant attachant avec ses personnages colorés, algériens ou issus de l’immigration…
Pays : France Belgique Année :2017
Acteurs : Fanny Ardant(Lola) ; Tewfik Jallab (Zino) ; Nadia Kaci (Rachida) ; Véronique Dumont (la compagne de Lola)
Dir. Photo : Jeanne Lapoirie
Résumé : Le sujet de la transsexualité est toujours un peu scabreux… tant on est toujours prisonniers de son héritage de schémas simplistes. Ici pas question de rires, mais parfois de sourire aux situations décrites. On ressent beaucoup de tendresse pour cette Lola qui n’ose pas aborder son fils de face, bien que l’envie de le retrouver et donc de tout avouer soit grande. Le drame c’est 20 ans de silence et de non-dit qui creusent des espoirs et des interprétations, envahissant le réel au point de le nier. Le travail de Moknèche est de mettre en scène des sentiments embarrassant notre morale et notre culture. Nous savons tous que ces situations existent, mais tant que nous n’y avons pas été confrontés… c’est du virtuel, du roman. Ici, un homme s’est identifié en femme et parait bien équilibré, à la faveur du décès de sa femme on va comprendre le prix à payer : son désespoir d’avoir du rompre la vie familiale (démonstration un peu poussive…). Comprendre c’est bien, mais accepter c’est encore loin !
Les deux acteurs Fanny Ardant et Tewfik Jallab sont très crédibles, et le film repose sur leur expression fluctuante au cours du temps, faite d’espoirs et de peurs. Lola est éblouissante « inoxydable » et Zino un boisseau de puces récalcitrantes qui ne sait plus qui il est dans tout ça.
A noter, un très bon second rôle de la compagne de Lola joué par la comédienne (Belge ?) Véronique Dumont, tout en retenue.
La photographie des visages et des choses est belle : le Paris des galeries, le cimetière, le mas en Camargue, la moto est presque un personnage, mais s’exprime moins que le chat... pour les acteurs la douceur des visages nous invite à les sentir proches.
Le film pose le problème de notre morale d’un étrange point de vue : aurions-nous aimé être l’enfant de cet homme ? il donne à réfléchir.
Dossier Presse
Filmographie : Délice Paloma ; Viva Laldjérie ; Goodbye Morocco ; Lola Pater 
Avis : Un beau film sur la transsexualité visible par les familles, mais l’alcool et les cigarettes sont très présents ! c’est tout pour les vices… un bon sujet de réflexion après Danish Girl et Laurence Anyway.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie