jeudi 25 mai 2017

Il était une fois en Anatolie

Palme d’or à Cannes
Le paysage désertique fait partie de la performance

Réalisateur : Nuri Bilge Ceylan ; Producteur, scénariste, réalisateur turc. Né en 1959. Son cinéma est particulier, il s’attache aux difficultés de vivre ses aspirations, ou sa vie en profondeur dans la société moderne. La Turquie sociale ordinaire est décrite au passage avec ses contradictions, ses difficultés, et son pouvoir d’abstraction liée à  des paysages minéraux et une nature âpre et sauvage.
Pays : Turquie Année :2011
Acteurs : Muhammet Uzuner (Docteur) ; Yilmaz Erdogan (Commissaire Naci) ; Taner Birsel (Procureur Nusret) ; Ahmet Mumtaz Taylan (Chauffeur arab) ; Firat Tanis (Suspect Kenan)
Dir. Photo : Gökhan Tiryaki
Résumé : Au cours d’une enquête pour un crime, trois voitures de gendarmes, procureur et médecin légiste, sont filmées à travers les plaines de l’Anatolie. Le motif qui guide ce convoi c’est d’emmener un criminel pour qu’il montre où retrouver le corps d'un homme, assassiné. L’introduction du film laisse voir de superbes images  de la campagne désertique. Le jour baisse de plus en plus, sous un ciel de couchant occupant presque tout l’espace pour atteindre finalement la nuit, on est directement dans l'ambiance du drame. C’est cette nuit le sujet du film…cette nuit en Anatolie et celle toute intérieure des protagonistes. Pendant cette recherche du lieu où le corps se trouve, un monde onirique se met en place, les temps où aucune action n’est nécessaire seront propices à la réflexion. Le criminel ne se souvient plus bien, et les voitures iront auprès de trois sources avant de trouver la bonne fontaine. La caméra nous invite au fantastique avec les voitures dont les phares trouent la nuit sur des routes poudreuses et sinueuses. C’est beau. Tous sont fatigués et plongés dans leurs méandres intérieurs. Le criminel est assez absent, il dort. Dans la même voiture le commissaire est relancé par sa femme au téléphone, il maugrée de plus en plus, le médecin réquisitionné est dans ses pensées qui n’ont pas l’air gaies. Un orage éclate, la nuit est très avancée, ils ont faim et décident d’aller manger dans un village dont le Maire est chargé d’un repas pour tous. On se retrouve hors du temps, les hallucinations sont invitées. Les bavardages, les attitudes dans l’attente interminable de trouver le dénouement laissent découvrir les tracas et peines de chacun, sagement gardées dans le silence mais qui sourdent comme des monologues avec la présence de la mort, de la nuit, de la fatigue.
Filmographie : Kasaba ; Nuages de mai ; Uzak ; Les Climats ; Les Trois Singes ; Il était une fois en Anatolie ; Winter Sleep 
Avis : Une palme d’or bien méritée ! nous ne sommes pas dans la niaiserie divertissante. Le film questionne chacun, la progression laisse un peu de travail au spectateur. Peu d'acteurs filmés dans leurs silences... réaliste.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie






mercredi 17 mai 2017

Birdman

The Unexpected Virtue of Ignorance
Birdman : le jeu de la vie, l'extérieur
Golden Globes: Scénario et acteur, Oscars : meilleurs film et réalisateur. 
Réalisateur : Alejandro González Iñárritu : réalisateur et producteur mexicain, né en 1963. Un des très rares réalisateurs mexicains, qui perce dans le cinéma américain. Ses films sont plutôt sombres, alimenté par un regard sans complaisance sur les hommes les plus fragiles dans notre société. Avec Babel il est consacré par la critique, dont le festival de Cannes, Golden Globes et Oscars.
Pays : US Année : 2014
Acteurs : Michael Keaton (Riggan) ; Edward Norton (Mike Shinner) ; Emma Stone (Sam, la fille) ; Zach Galifianakis (Jake le producteur) ; Naomi Watts (Lesley)
Dir. Photo : Emmanuel Lubezki
Résumé : Film tortueux, bien que la critique s’esbaudit sur le presque unique plan séquence… Le fil est composé d’un immense labyrinthe très bien filmé par Lubezki. Il est suggéré par des vues sur les couloirs, les loges décrépies, les assemblages disparates, la ville qui vit à son propre rythme bien plus vite, le cheminement des acteurs dans les couloirs, des portes qui s’ouvrent et jamais ne se referment etc. La folie de Riggan est au premier plan du début à la fin, dans les excès de langage, de boisson, de sentiments et la voix qu’il perçoit, extérieure et sans timbre. Aucun des personnages n’est pratiquement à classer dans les gens rencontrés couramment. Il y a une sorte de surenchère à être « maladif » en proie à des remords ou des angoisses. C’est une comédie dramatique, certes il y a des points cocasses ou une critique de la vie des studios en plus des héros de blockbusters, mais ce n’est pas ce que je retiendrais. Par contre j’ai bien aimé les réflexions de Sam à propos de son père, pour qui au final le succès c’est la qualification par des clips « viraux » sur les réseaux « sociaux » de son portable… c’est d’actualité pour notre société !
Je n’ai toujours pas compris le sous-titre… de quelle ignorance ? celle qui caractérise la « matière » des films de héros super puissants ? ou celle de l’autruche qui permet à certains de continuer à vivre au milieu des échecs et du chaos ?
 Cinépsy une étude (une autopsie ?) du film par rapport au délire.
Une pièce d’après Carver, pourquoi ? C’est un auteur modeste de nouvelles, très concentrées et au langage familier. Wikipedia https://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Carver sans doute ceci fait pendant aux blockbusters ?
Filmographie : Amours chiennes ; 21 Grammes ; Babel ; Biutiful ; Birdman ; The Revenant 
Avis : Une belle réalisation, d’Inarritu et de Lubezki, sur un scénario pauvre, serait minimaliste si l’accumulation des « dérangés » parmi les personnages n’était pas si grande.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


mardi 9 mai 2017

Django

Une répétition
Réalisateur : Etienne Comar producteur et scénariste français. Connu en particulier pour être le scénariste et producteur du film : Des hommes et des dieux. Son premier film : Django. Il a récolté des homages: César du meilleur scénario (des dieux et des hommes) et Cannes, Grand Prix du Jury ; César du meilleur film pour (Timbuktu) Voir plus  Etienne Comar
Pays : France Année :2017
Acteurs : Reda Kateb (Django Reinhardt) ; Cécile de France (Louise de Klerk)
Dir.Photo : Christophe Beaucarne Musique Warren Ellis
Résumé : le scénario est adapté du roman « Folles de Django » d'Alexis Salatko. Le scénario privilégie une époque de la vie de Django qui se situe en 1943 au moment des ambiances troubles à Paris, avec la présence des militaires allemands qui sont également des amateurs d’arts. Cette période est riche en difficultés entre ceux qui ne pensent qu’à leur performances et ceux qui refusent de jouer (Le dernier métro, et documentaires TV). Mais le sujet n’est pas celui-là. Django est tzigane et ne se sent pas concerné par la guerre, il est centré sur lui-même et la musique. Partir jouer à Berlin ne lui dit rien, il préfère rester à Paris. Le massacre des gitans prenant de l’ampleur, il décide finalement de partir avec sa famille en Suisse. Cette échappée fait une grande partie du suspense.
Le film démarre avec une belle prestation musicale un chant tzigane profond (je n’ai pas trouvé le nom de l’interprète).
J’ai beaucoup aimé, la photographie des camps manouches, l’atmosphère qui s’en dégage, les paysages laiteux autour du lac, et les gros plans sur les visages, la mère de Django est super !
C’est aussi très louable de pointer le génocide des gitans passé sous silence par rapport à celui des juifs, tout aussi horrible (voir les films de T.Gatlif sur le racisme envers les tziganes).
Les parties musicales (un délice) sont interprétées par le célèbre groupe de jazz manouche : Rosenberg Trio  (les parties au violon sont jouées par Costel Nitescu , et l'harmonica chromatique par Laurent Maur). Warren Ellis compose une musique pour la BO ; musicien compositeur australien membre de Dirty Three, Nick Cave and the Bad Seeds.
Filmographie : premier film, mais beaucoup de scénarios.
Avis : Film musical intéressant, romancé car nous ne savons rien de la vie de Django. Grâce aux figurants des familles gitanes, il y a de la vie, et de la chaleur dans le film, ce qui pour moi, est essentiel quand on parle des gitans.
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie


lundi 8 mai 2017

Sully

Prix de l'Académie japonaise du meilleur film en langue étrangère
Réalisateur : Clint Eastwood acteur, réalisateur, compositeur et producteur de cinéma américain ; né en 1930. Un monument de cinéma ! Une « légende de l’Ouest » ! Quatre Oscars, cinq Golden Globes, trois Césars et la Palme d'honneur au Festival de Cannes en 2009. Dans filmographie je ne sais pas lesquels mettre …Un énorme article dans Wikipedia pour ce géant du cinéma
Pays : US Année : 2016
Acteurs : Tom Hanks (Chesley Sullenberger « Sully ») ; Laura Linney (Lorrie Sullenberger) ; Aaron Eckhart (Jeff Skiles) ;
Dir. Photo : Tom Stern
Résumé : A la base, un fait réel. En 2009, le pilote de ligne Chesley Sullenberger effectue un atterrissage d'urgence du vol 1549 sur l'Hudson, en plein hiver sur un fleuve gelé. Cet événement marquant de l’actualité a provoqué l’admiration des foules pour l’équipage de cet avion, remarquable de sang-froid. Cependant on réalise que la suite de l’aventure a tourné au cauchemar pour le pilote. Ce qu’il a dû affronter est une honte pour l’entreprise qui l’employait et la compagnie d’assurance.
Clint Eastwood a réalisé un récit d’événement historique attachant.
Filmographie : Pour une poignée de dollars ; Et pour quelques dollars de plus ; Le Bon, la Brute et le Truand ; L'Inspecteur Harry ; L'Homme des Hautes Plaines ; Impitoyable; Mystic River; Million Dollar Baby; Gran Torino ; American Sniper ; Invictus; lettres d'Iwo Jima; 
Avis : Film intéressant et captivant pour la connaissance de la cupidité des grandes entreprises, et pour le jeu de Tom Hanks. Le vrai pilote a participé au scénario et conseillé la réalisation. A voir, vous n’aurez plus peur dans l’avion…
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


jeudi 4 mai 2017

Trouble every day

 
Un oiseau, un vampire? Belle performance de Béatrice Dalle
Réalisateur : Claire Denis Réalisatrice, scénariste née à Paris en 1946. Enfance en Afrique ; Etudes de Lettres ; IDEHC ; TV, assistante de réalisateurs : Robert Enrico, Jacques Rivette, Wim Wenders etc. Puis fait ses premiers films. Elle reçoit de nombreuses récompenses dans les festivals dédiés aux films d’auteur. Ses films sont particuliers à fleur de peau et de sentiments. L’image et le son sont très importants dans sa production, plutôt cinéma de recherche. Wikipedia
Pays : France Germany Japan Année : 2001
Acteurs : Vincent Gallo (Shane), Béatrice Dalle (Coré), Tricia Vessey (June), Alex Descas (Léo)
Dir. Photo : Agnès Godard
Résumé : Intéressant sujet : les pulsions sexuelles nous laissent souvent hors du contrôle de notre mental. Ici on rejoint le mythe des vampires vivant parmi nous, et celui des ogres dans les contes. Un couple d’américains vient en voyage de noces à Paris. Cependant Shane, le mari, ne parait pas bien, il n’est pas souriant et semble préoccupé par un rêve érotique et sanglant. En banlieue parisienne, une maison aux volets clos est habitée par un médecin, c’est lui qui récupère une femme abandonnée nue en plein friche couverte de sang. 
Shane profite de sa venue à Paris pour rechercher Léo Sémeneau un chercheur qu’il a connu dans un labo en Guyane. Celui-ci ne travaille plus avec ses anciens collègues.
Des images de Paris rougie par le soleil couchant, des images de friches nocturnes dégoulinantes de rosée teintée de rouge par un éclairage d’autoroute, lugubres, donnent une ambiance de profond malaise, c'est le travail d’Agnès Godard. La maison de meulière aux volets clos, respire la mort plus que le mystère. Petit à petit, la maladie prend forme pour nous et nous entraine dans son inexorable pathos.
Le sang est symbole de vie, de sensualité, de procréation. Dans le film il est sexualité, perversité, perdition. La folie obsessionnelle a complétement envahi la personnalité de Corée, elle reste consciente chez Shane. Que faire ?
Filmographie : Chocolat ; Beau Travail ; Trouble Every Day ; 35 rhums ; White Material 
Avis : Film envoûtant qui laisse un goût d’effroi, devant la nature implacable du trouble mental. Un aperçu de la folie sexuelle un conte pour adultes ? Âmes sensible abstenez-vous.
Note : 9/10 Rédigé par Jacquie


lundi 1 mai 2017

Gare du Nord

Mathilde, en cours de chimio, Ismaël thèse de sociologie...
Réalisateur : Claire Simon née en 1955. Elle étudie l'ethnologie, apprend la langue arabe et la langue berbère. Elle est scénariste, actrice, directrice de la photo, monteuse et réalisatrice française. Fait surtout des documentaires, pour lesquels elle dit : « la banalité contient de la fiction » Wikipedia
Pays : France Année :2013
Acteurs : Nicole Garcia (Mathilde) ; Monia Chokri (Joan) ; François Damiens (le père qui cherche sa fille) ; Reda Kateb (Ismaël)
Dir. Photo : Claire Simon, Richard Copans, Laurent Bourgeat
Résumé : Film en patchwork, fait de différentes scénettes du quotidien que reconnaitront de nombreux banlieusards. La ville est un lieu de perdition, chacun pour soi, c’est la règle générale. Les populations aisées vont et viennent, dans les sous-sols, les couloirs, entrent par des portes réelles ou des tourniquets. Les populations défavorisées y trainent plus que les précédentes qui sont pressées et ne font que traverser sans rien voir ni entendre dans ce bruit continu. Certains y travaillent dans les à-côtés de la SNCF, ce sont les chargés de sécurité, les dames toilettes ou les employés des commerçants. Tous bien contents d’avoir un poste, un salaire, mais désabusés et rêveurs d’autres horizons. Claire Simon organise plusieurs fictions à l’intérieur de sa mise en scène de la gare. Une histoire amoureuse développée entre une femme mure et un jeune intellectuel. Ismaël, étudiant en sociologie, fait des enquêtes SNCF pour gagner sa vie. Un homme arpente la gare et questionne les uns et les autres, espérant avoir des nouvelles de sa fille qui a fugué. Une jeune intellectuelle aussi, qui sans travail est devenue agent immobilier et qui galère avec ses riches clients, pendant que sa famille est au bord de l’implosion. Ces histoires se mêlent dans le creuset de la gare et ses dépendances, avec un effet cosmopolite donné par les différents immigrés qui y travaillent ou errent à la recherche d’une solution. Enfin la gare elle-même, est le lieu de toutes les rencontres, de tous les espoirs. On y voit des jeunes dans leur « monde » des vieux dans le leur comme le fantôme, des fous, des malappris, des citoyens ordinaires angoissés par la gare et ses signalisations.
« Car le lieu se présente à la fois comme le fil conducteur du récit, mais également comme l’un de ses personnages, une forme d’allégorie. Montrée d’abord comme un lieu infernal, la gare devient celui de la résurrection possible, » Critikat
L'exercice est difficile, donner un documentaire sociologique, sans lasser le public. J'aime, mais ce ne sera pas le cas de tous. On peut lui reprocher d'aborder de nombreux sujets sans les traiter, déjà ça donne à réfléchir.
Filmographie : Sinon, oui ; Ça c'est vraiment toi ; Ça brûle ; Les Bureaux de Dieu ; Gare du Nord
Avis : film émouvant par la simplicité de narration et la banalité du sujet, mais riche dans la description des hommes et des femmes. Documentaire sociologique ou fiction ? les deux sans doute.
Note : 8/10 rédigé par Jacquie