jeudi 25 juin 2015

Mort à Venise


Réalisateur : Luccino Visconti 1906 1976. Influencé par l’opéra et le mélodrame, commence sa carrière de cinéma en France avec Jean Renoir. Il a mis en scène des opéras et de nombreuses pièces de théâtre. Présida le jury de Cannes en 1969. Reçoit le prix du 25e anniversaire du festival de Cannes pour Mort à Venise. Plus
Pays : Italie France Année : 1971
Acteurs : Dirk Bogarde (Gustav von Aschenbach) ; Bjorn Andresen (Tadzio) ; Silvana Mangano (la mere de Tadzio) Dir. Photo : Pasquale De Santis
Résumé : le scénario est basé sur la nouvelle La Mort à Venise ((de) Der Tod in Venedig) que Thomas Mann publia en 1912. Nous sommes dans la Venise 1910 juste avant la première guerre mondiale. C’est Venise, mais c’est surtout un Lido du bord de mer où les grands bourgeois prennent l’air pur de la mer, dans un décor de grands hôtels où le personnel rivalise en flatteries. Gustav von Aschenbach y vient sur ordre de son médecin pour récupérer un peu de santé après un incident cardiaque important. Ce musicien est un personnage qui a toutes les caractéristiques de Gustav Malher, dont la musique parcours tout le film. C’est donc une tentative de le représenter à travers la fiction du personnage de Von Aschenbach. Ambigü, pris entre ses tendances vers le beau et le sublime qui ont rempli sa vie, il est montré face aux accidents de parcours auxquels il ne sait pas s’adapter. On trouvera le personnage de Gustave en proie à une grande souffrance balloté entre ses sentiments les convenances, et les événements. Ses sentiments érotiques pour un jeune homme, l’épidémie de choléra dans Venise exacerbent sa sensibilité. Il se découvre différent de ce qu’il pensait de lui-même, mais n’assume pas son côté homosexuel, ni qu’il soit devenu vieux et malade. Venise est alors une ville chargée de grandeur et d’arts mais rongée par le choléra, la turpitude et la décadence règnent à la place du beau.
La mort rode depuis le début du film, pour lui ou pour sa famille, les morts de choléra en ville, sont autant de rythmes que celle-ci impose au temps de Gustave. La poursuite de Tadzio en ville est un épisode cauchemardesque évoquant l’enfer qui attire, la désespérance de ne pas atteindre ses désirs ni savoir y résister franchement. Le réalisateur est habile dans ce maniement des ruelles désertes et sombres et des ordures projetées sur le chemin avec quelques flammes signifiant autant la purification que l’infernal.
J’apprécie également l’usage des éclairages diffus en contre jour des scènes sur la plage où finalement il mourra qui font écho à la réalité mais montrent les sentiments. La musique de l’adagietto de la Cinquième symphonie de Mahler se marrie merveilleusement au climat romantique délétère du film. Les scènes de spectacle bouffon, et celles concernant le maquillage du personnage interpellent également sur le thème du masque et de l’apparence. C’est une œuvre très aboutie de Visconti, il y a de quoi alimenter des réflexions sur la vie, sur l’art c’est moins immédiat ! Un article intéressant d’Olivier Bombarda   Des détails
Filmographie : Ossessione ; Nuits blanches ; Rocco et ses frères ; Le Guépard ; les Damnés ; Mort à Venise ; Ludwig 
Avis : J’ai revu avec plaisir ce film qui avait enchanté ma jeunesse par son pouvoir évocateur dramatique et sa liberté d’expression. La maitrise théâtrale de Visconti y est parfaite.
Note : 10/10 Rédigé par Jacquie


dimanche 21 juin 2015

8 fois debout

deux acteurs subtils
  Réalisateur : Xabi Molia ; Après des études de lettres à l'Ecole Normale Supérieure devient romancier à 22 ans avec « Fourbi » (2000), un premier roman publié chez Gallimard. 8 fois debout c’est son premier long métrage au cinéma. 
Pays : France Année : 2011
Acteurs : Julie Gayet (Elsa) Denis Podalydes (Mathieu)
Dir. Photo : Martin de Chabaneix
Résumé : « 7 Fois à terre 8 Fois debout », une des devises des deux antihéros du film. Mais sous réserve de comédie, les sujets abordés sont infiniment graves. « Au cœur des situations les plus désespérantes se loge toujours quelque chose de dérisoire et de potentiellement drôle. » nous dit Xabi Molia. La misère est mise en scène, non seulement dans le manque de moyens pour vivre de Mathieu et Elsa, mais surtout la misère psychologique, morale est grande et a pour conséquences les échecs successifs. Aucun des deux ne pleurniche sur son sort, ils rivalisent de phrases optimistes qui sont comiques au vu de leurs difficultés, mais qui restent une défense enfantine et touchante. Tout est cocasse, les entrevues d’embauche en prennent un grand coup… Elsa et Mathieu sont tellement marginalisés qu’ils ne sont à peine gênés par l’expulsion de leurs logements, un optimisme viscéral dans l’avenir et surtout ne pas voir les malheurs quotidiens, les maintient à flots. Ca donne des leçons…
C’est principalement la présentation de personnages en déroute, on s’attendrait à les voir internés dans un établissement pour doux dingues. Ils sont touchants avec leurs manies, leurs raisonnements pour conjurer le mauvais sort, des gros plans sur eux montrent la fragilité ordinaire, le vide qui ronge et anéanti devant les difficultés, les obstacles.
« Il y a des hommes et des femmes qui sont profondément des victimes, qui évoluent dans un univers au départ tellement hostile que c'est horriblement compliqué pour eux de s'en sortir. » Xabi Molia.
Avis : Film émouvant, sur la misère humaine, les chômeurs marginalisés, la rupture familiale, le respect des individus, la poésie dégagée par les gens simples.
Note : 7/10 Rédigé par Jacquie