vendredi 12 avril 2013

La belle endormie

Bella adormentata 
Toni Servillo et Alba Rohrwacher, le père et la fille
 
Réalisateur : Marco Bellocchio : réalisteur italien né en 1939. il s’attaque aux symboles conformistes italiens en créant une œuvre politiquement engagée. Le Diable au corps (Il diavolo in corpo, 1986) provoque un scandale à Cannes. Il est le premier à avoir mis en scène l’assassinat d’Aldo Moro dans le film Buongiorno, Notte. En annonçant son intention de faire un film inspiré de l'histoire de Eluana Englaro il se crée des ennuis…
Pays :Italie Année : 2012
Acteurs : Toni Servillo (Uliano Beffardi) ; Isabelle Huppert (Divina Madre) ; Alba Rohrwacher (Maria) ; Michele Riondino (Roberto) ; Maya Sansa (Rossa) ; Pier Giorgio Bellocchio (Pallido)
Dir. Photo : Daniele Cipri
Résumé : En 2008, l’Italie se déchire autour du sort d’Eluana Englaro, une jeune femme plongée dans le coma depuis 17 ans. Toute l’Italie prends possession du débat, la politique avec Berlusconi, la gauche et les autres, les religieux, les associations pour et contre l’euthanasie, et comme toujours en Italie avec effusion de sentiments et d’actions. A l’occasion du débat télévisuel omniprésent, des problèmes vécus par des familles se trouvent renforcés ou réactivés. Le problème de l’euthanasie est posé dans des circonstances différentes, qui mettent en lumière des conséquences tant chez celui qui permet celle-ci que dans l’entourage proche. En fait si l’affaire politique Eluana Englaro fait la toile de fond du film, ce qui se passe autour de Maria et Roberto est plus la libération des liens familiaux qui permet le réveil de la belle endormie, les deux étant englués dans des problèmes familiaux non résolus. Enfin l’interne qui essaye de sauver la belle toxicomane qui s’endort nie sont libre arbitre du droit de se suicider, car il croit qu’il sait mieux, qu’il peut lui faire découvrir la vie, comme lui-même la vit grâce à sa force vitale (l’amour, je ne le vois pas !). Un personnage féminin est amplifié et oppressant c’est celui que joue Isabelle Huppert, un rôle de mère caricaturé comme celle de Roberto. Ces deux mères sont tendues dans l’effort de ne pas abandonner leur enfant, et se faisant elles délaissent celui qui est bien portant en lui infligeant un sort peu enviable Dans le dossier de presse  elle le commente: Votre personnage, la Divina Madre, est une femme qui décide de tout quitter... Oui, pour se consacrer à sa fille. Déjà, à la lecture du scénario, il m’a semblé que le fait qu’elle s’appelle la Divina Madre rendait le personnage surnaturel, et je crois que des trois histoires racontées dans le film, celle de la Divina Madre, de sa fille et de sa famille est la plus symbolique, la moins réaliste. Un symbolisme déjà explicite dans le nom, qui lui donne une grande spiritualité et un aspect presque désincarné. C’est véritablement vers une sorte de «désincarnation» qu’elle tente de se projeter comme si, en renonçant à toutes les séductions terrestres et à tous les plaisirs de sa vie précédente - elle qui était une actrice célèbre - elle cherchait son absolution dans une éventuelle faute... dans le fol espoir de sauver sa fille. C’est une attitude envers la mort qu’on peut avoir parfois : on peut penser qu’il va nous arriver un malheur parce qu’on est coupable de quelque chose et chercher l’absolution pour la combattre. 
Un autre personnage intéressant est celui du sénateur qui veut reprendre à son parti « son âme et conscience » engagé comme dans un pacte avec le diable, on le voit tiraillé par ce qu’il doit dire à sa fille qui le hante et sa vie d’élu qui le lie à ses collègues et l’oblige au compromis. Les malaises dans le corps médical ne sont pas mieux lotis.
Beaucoup de symboles et allusions, j’ai bien aimé « la vision historique » où les élus sont au bain enveloppés dans leurs toges en éponge et dissertent avec le psychiatre qui fait office de sage antique, mais qui élude également les réponses. Avec Amour de Mickael Haneke et Quelques heures de Printemps film courageux de Stéphane Brizé et celui-ci, il est évident que nous sommes en présence d’un problème de société qui va nous sauter au visage… N’est-il pas temps de traiter de la vie, de la conscience et de l’âme ? avant de pouvoir trouver des solutions (ou resituer la mort). Qu’est la mort ? la fin de la vie. Puisque nous naissons nous devons repartir d’où nous venons… et c’est là qu’il nous manque des certitudes… dire que c’est du néant ; c’est bien là une façon moderne de se débarrasser des problèmes qui fâchent… les religions nous disent le contraire, mais ils ont tellement raconté de bobards. La sagesse ancienne (surtout orientale) nous assure que nous sommes venus en incarnation des milliers de fois. «… L’acte de mourir est le grand rituel universel qui régit notre vie planétaire tout entière, mais la réaction envers la peur ne se rencontre que dans la famille humaine… » La guérison ésotérique. Alice A. Bailey page 333 Ed Lucis Trust. Chacun pourra se poser des questions sur ce qu’il aurait fait…
J’ai remarqué des plans originaux et beaux apportant une exaltation du drame, comme les passages de Divina Madre devant le miroir légèrement opaque devant un lit de roses blanches évoquant la mort de la jeune fille. Également fortes, les prises de vues extérieures de la clinique, comme si on était dans la manifestation, on ressent cette pression…On remarque aussi une belle palette de couleurs sombres, bravo la photo.
Filmographie : Le Diable au corps ; Buongiorno, Notte ; Vincere 
Avis : Un film grave, mais pas lacrymal ! Un panel d'acteurs de talents, la mise en scène bien réussie malgré un jonglage entre les différents cas un peu obsédant, mais certainement pas un documentaire. Donne envie de voir ses autres films.
Note : 8/10 Rédigé par Jacquie






Aucun commentaire: